Il n’y a plus suffisamment de médecins généralistes en France. Cette situation ne cesse de s’aggraver. La population, elle, doit broder avec ce qu’elle a à sa disposition : elle s’adapte pour que cette pénurie n’ait pas un impact lourd sur sa santé. Quant aux autorités, elle met petit à petit en place des réformes.

Une crise qui perdure et s’empire

La situation est alarmante comme le décrit avec précision cet article. Les chiffres sont effrayants. D’après le Sénat français, de 2017 à 2021, le ratio de médecins généralistes par rapport à la population totale de chaque département français a connu une baisse annuelle moyenne de 1 %. Il y a donc moins de médecins généralistes disponibles pour soigner la population. Une diminution de 1 % peut paraître petite en valeur absolue. Cependant, sur plusieurs années et à l’échelle d’un département ou du pays, cela a un impact significatif sur l’accessibilité aux soins de santé primaires.

En clair, cette pénurie de médecins généralistes entraîne une détérioration progressive de l’accès aux soins primaires : de plus en plus de Français n’ont plus de médecins traitants depuis 2020. Or, ce dernier joue un rôle central dans le système de soins de santé. Il est le principal interlocuteur des patients. Il est responsable de leurs soins de santé globaux. Il les oriente vers des spécialistes au besoin. L’absence de médecin traitant signifie que ces patients n’ont pas de médecin régulier pour les consultations de routine, le suivi des maladies chroniques, et la coordination des soins. Cette statistique est une moyenne, ce qui signifie que certains départements peuvent connaître des baisses plus importantes. D’autres, en revanche, pourraient être moins affectés.

Quelques causes de cette crise

Un grand nombre de médecins généralistes approchent de l’âge de la retraite. Malheureusement, il n’y a pas assez de jeunes médecins pour les remplacer. La première raison est liée à la réduction du nombre de diplômés. Le numerus clausus, qui a longtemps limité le nombre d’étudiants en médecine pouvant être formés en France, a débouché sur un vivier limité de nouveaux médecins. Bien que ce système ait été réformé, ses effets se font encore sentir.

Ensuite, les conditions de travail, notamment la charge de travail élevée et la pression administrative, dissuadent les jeunes médecins et les étudiants en fin de cursus de choisir la médecine générale. De toute façon, beaucoup d’entre eux estiment que les spécialités médicales sont plus prestigieuses et mieux rémunérées que la médecine générale. Ils se détournent donc de celle-ci et embrassent une spécialisation. Ce vieillissement de la population médicale entraîne naturellement une diminution du nombre de praticiens disponibles.

Enfin, force est de constater qu’il y a une répartition inégale des médecins sur le territoire français. Certaines régions, en particulier les zones rurales et certaines zones urbaines, souffrent d’un manque de médecins. Les jeunes médecins, surtout nouvellement diplômés, ne sont pas non plus enthousiastes à l’idée de s’installer dans des zones moins attractives. C’est le phénomène des déserts médicaux.

Les réactions

Les patients se tournent souvent vers les services d’urgence des hôpitaux. Résultat, on assiste à une surcharge de ces services. Par ailleurs, on assiste à un recours accru à l’utilisation de la télémédecine. Certains patients n’hésitent pas à parcourir de longues distances pour consulter un médecin généraliste dans une autre ville ou région mieux desservie.

L’État a réformé le numerus clausus. Le nombre d’étudiants admis en études de médecine a ainsi augmenté. En parallèle, les jeunes médecins reçoivent des incitations financières pour les encourager à s’installer dans des zones sous-desservies. Enfin, les zones en déficit bénéficient de la création des maisons de santé pluriprofessionnelles, où travaillent ensemble médecins, infirmiers, et autres professionnels de santé.